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Association ENTREBULLES
19 mars 2011

Un rêve au fil des saisons

 

Connais-tu l’histoire de Justin, l’homme aux mains vertes ?

Oh, c’est une blague grand-mère ! Les hommes aux mains vertes ça n’existe pas. Ou  bien c’est un extraterrestre avec des griffes terrifiantes ! Lui dis-je en me blottissant dans ses bras.

Pas du tout, s’exclame grand-mère, ravie d’avoir titillé ma curiosité. Justin était jardinier. Ce surnom « d’homme aux mains vertes » lui avait été attribué par des villageois jaloux de son extraordinaire jardin. Certains disaient qu’il devait avoir un secret. Pourtant, aucun mystère ne fut découvert ! Et depuis belle lurette, Justin n’écoutait plus ses commérages et menait tranquillement sa vie dans son jardin !

 

Par une belle après-midi ensoleillée,  Justin  aperçoit, dissimulé au creux d’une touffe d’herbes sauvages, un  arbrisseau rabougri. Il décide d’arracher les mauvaises herbes, mais, plus il les déracine plus elles repoussent. Il les piétine, les déterre sans relâche. Et après une bataille implacable, plus aucune herbe folle n’ose pointer sa vilaine face. Justin est bien triste, lorsqu’il découvre que celles-ci empêchaient un rosier de s’épanouir. Car la rose est sa fleur préférée ! Un maigre bouton trône, sans gloire, sur une brindille dénudée.

 

Justin va chercher de l’eau au puits pour l’arroser. Dès les premières gouttes versées,  lentement la tige se redresse et, une rose ouvre un à un ses pétales. Une sensation de force, de liberté semble se réveiller en elle. Progressivement, tout le rosier se met à grandir, grandir pour devenir une plante de toute beauté, garnie de magnifiques fleurs blanches. Un parfum délicieux et envoûtant embaume le jardin.

 

Justin n’en croit pas ses yeux et il est encore plus surpris lorsqu’il entend une voix s’adresser à lui ! Pensant qu’on lui fait une farce, il regarde de gauche à droite, plisse ses yeux, tape sur ses oreilles.

 

Serais-je resté trop longtemps au soleil ? S’exclame-t-il.

 

Le soleil n’a pas cogné ta tête. Chantonne la voix.

 

Sors vite de ta cachette, petite fripouille ! Tu n’as pas honte de te moquer de moi ainsi !

 

Je ne me moque pas de toi et je ne me cache pas !

 

Justin tend l’oreille afin de se rendre compte d’où provient la voix. Quel étonnement lorsqu’il découvre que cette voix est celle de la rose qu’il venait de délivrer !

 

Ha ! ha ! tu les as bien eues, ces folles herbes. Quand je pense qu’elles voulaient prendre ma place… et bien, c’est raté ! bien fait pour ces enquiquineuses ! dit la rose.

 

Coquin de sort, mon jardin est hanté ! s’écrie le malheureux jardinier, en prenant la fuite.

 

Attends mon Justin, ne t’en va pas ! crie-t-elle en se dandinant et agitant ses feuilles autour d’elle.

 

Effaré, Justin s’arrête et revient prudemment vers le rosier. Une rose au regard malicieux papote. Justin n’en croit ni ses yeux ni ses oreilles. Il fait un pas en arrière, ne voit pas le seau plein d’eau …et patatras, il tombe les fesses dedans.

 

Qu’est-ce que tu bidouilles, mon doux Justin ?  Lui dit-elle. Ha, ha, tu en fais une drôle de tête. Enchantée de te parler. Je m’appelle Natila.

 

Les autres roses sont terrifiées par le comportement de Natila.

 

Tais-toi, Natila ! hurlent les roses. Ta mission était de nous faire naître dans ce monde de lumière. Tu ne devais pas discuter avec Justin.

 

Qu’allons-nous devenir maintenant que Justin connaît notre secret ? La saison du printemps nous avait fait promettre de ne parler à personne. Elle sera très en colère ! C’est une catastrophe ! Se lamentent les roses.

 

Du calme les filles ! Justin est un brave jardinier !  Hein, c’est vrai Justin,  tu peux garder notre secret ! Pourquoi ne pas lui expliquer que la saison du printemps lui a rendu l’eau de son puits magique, parce qu’il entretient le jardin avec beaucoup d’attentions !  Et grâce à cette eau, le jardin est devenu merveilleux. Et nous pouvons aussi nous exprimer et …

 

Soudain, Natila est interrompue par d’effroyables coups de tonnerre. Le ciel,  subitement devenu noir, se déchire par des éclairs. Une pluie diluvienne et des rafales de vent soufflent tout sur leur passage. La saison du printemps est dans une colère épouvantable. Et comme le disent les roses, c’est une catastrophe !

 

Justin essaie désespérément de se mettre à l’abri sous ce déluge déclenché par la saison du printemps. Mais les rafales de vent l’empêchent d’avancer, le projettent en arrière. Un arbre se fracasse devant lui dans un vacarme étourdissant. Il pousse un cri, met ses mains sur son visage pour se protéger des branches  volant de tous côtés. Et là,…Justin se réveille ! Il gigote au sol, comme un malheureux ver de terre sous l’arbre où il faisait sa sieste !

 

Sapristi ! quel rêve j’ai fait ! ou plutôt quel cauchemar ! marmonne-t-il.

 

Penaud, Justin se lève, se dirige d’un pas hésitant vers les rosiers. Il les regarde… écoute… attend. Les roses n’ont plus de visage, ne parlent plus. Il scrute le ciel afin d’apercevoir la saison du printemps. Mais  rien ne se passe ! Pourtant, tout cela semblait si réel !

 

Déçu, il s’éloigne en murmurant :

 

Tout de même, je sais garder un secret.

 

Fin

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Commentaires
O
tu parle tros
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